"On ne peut nier que Dieu se soit fait petit depuis longtemps, très petit. D'où l'on conclut qu'il se fera petit demain comme hier, plus petit, de plus en plus petit. Rien, cependant, ne nous oblige à le croire ... L'heure viendra cependant où, dans un monde organisé pour le désespoir, prêcher l'espérance équivaudra tout juste à jeter un charbon enflammé au milieu d'un baril de poudre. Alors... nous avons laissé le misérable entre vos mains assez longtemps... " quand Bernanos parle d'un "monde organisé pour le désespoir", c'est d'un monde qui ne fait pas sa place à un seul espoir aux dimensions de l'homme et de sa profonde nostalgie. Oui, c'est bien de cela qu'il s'agit : il est possible que l'expansion économique, le luxe, les hauts salaires, les commodités de la vie courante, les assurances sociales ou autres, la volupté même et le journal quotidien lu, écouté ou télévisé, il est possible que tout cela ne suffise pas pour étancher une soif spirituelle qui, du jour au lendemain, peut devenir plus atroce que la soif du voyageur égaré dans le désert et qui agonise à côté de son dernier bidon à sec. C'est pourquoi j'ai écrit ce livre, prenant mon tour de garde comme le dernier des soldats autour de ce témoignage sauveur de la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts. J'ai pensé à ceux qui - consciemment ou non - cherchent au-delà du monde une source de pureté et de réconciliation, dont notre civilisation moderne a fait la preuve éclatante que précisément une telle source n'est pas de ce monde. Ceux qui cherchent au-delà de ce monde sont sur le bon chemin : ils "brûlent" comme on dit. Eh bien, qu'ils brûlent jusqu'à consomption ! Viendra bien un moment où l'homme prendra conscience de sa véritable stature, et il cherchera au-delà, toujours au-delà. L'heure de la vérité vient toujours.